Cher Guide suprême

Tu me poses la question, comment es-tu devenu franc-maçon ? Et la réponse est directe : une rencontre ! Une fois qu’on a dit ça, tu pourrais me répondre comme Cyrano de Rostand, « c’est un peu court jeune homme, on pourrait dire bien des choses en somme…» , car revenir sur les faits qui ont provoqué cette rencontre il y a maintenant quelques années, c’est comme répondre à une deuxième question : êtes-vous franc-maçon ?

Mes frères me reconnaissent comme tel.

On s’est connu, on s’est reconnu !

On s’est connu, on s’est reconnu… Chante Jeanne Moreau dans le tourbillon de la vie, et je me servirais bien de cette chanson pour mieux exprimer ma démarche maçonnique. En effet, je dirais qu’avant d’entendre parler et de rentrer en maçonnerie, j’étais pris par le tourbillon de la vie, tout en souhaitant une pause pour réfléchir sur des tas de questionnements philosophiques.

Et je dois bien avouer qu’il y avait bien longtemps que j’avais définitivement pris mon parti pour la laïcité et un agnosticisme, voire un athéisme convaincu sans vraiment pouvoir en approfondir avec d’autres, la dimension philosophique.

Je ne trouvais pas que la politique et ses discours lénifiants pour récupérer ces idées me satisfaisait.

Une rencontre qui a changé beaucoup de chose

Une rencontre qui a changé beaucoup de chose

Vu que je ne fréquente pas les cafés, les discussions de bistrots ne m’étaient même pas offertes.

Bref, celui qui allait devenir mon frère, s’appelait et s’appelle toujours Charlie, était quelqu’un dont la générosité, l’empathie avec les autres, son érudition et surtout sa capacité à écouter me fascinait au plus haut point.

Les échanges philosophiques, sociétaux et politiques, au cours de nos discussions, ne tarissaient pas de s’étendre durant de longues heures. J’éprouvais à son contact une sorte de filiation humaine dont je ne m’expliquais pas l’origine. J’y éprouvais beaucoup de joie comme le serait la rencontre d’une nouvelle amitié.

Et puis très vite, il me confia être franc-maçon et m’expliqua succinctement quelles étaient les différentes façons de telle ou telle obédience de réfléchir et que mes idées ou mes opinions se rapprocheraient plutôt vers le GODF.

Il était acquis qu’il avait perçu en moi mon désir de recherche personnelle, de spiritualité dans un endroit approprié.

C’est vrai qu’immédiatement les termes d’assiduité, de travail, d’écoute, de respect de l’autre, de la fraternité, résonnaient à mes oreilles comme des gourmandises intellectuelles et probablement émotionnelles.

Le parrainage d’un franc-maçon

Très vite, j’étais convaincu à la fois par cette confiance nouvelle et cette curiosité de pressentir qu’un homme nouveau allait surgir de moi ??? Peut-être était-ce un leurre, une envie de se sentir différent des autres dans ce monde ? Il fallait faire un pas en avant vers cet endroit inconnu dont les portes allaient s’ouvrir à moi, quoique….

Il y a maintenant une quinzaine d’années que je suis rentré en maçonnerie, et je dois dire comme au premier jour, chaque tenue me comble de joie.

Ces échanges avec mes frères, cette recherche perpétuelle sur des questionnements intimes, ce travail partagé dans ce temple métaphorique, tout ce qui nous réunit au cours d’une tenue est une récompense qu’un être humain peut offrir à un autre être humain.

On s’est connu, on s’est reconnu !

Comme un phare dans l’obscurité, le franc-maçon essaye en toute humilité et modestie de se changer lui-même pour éclairer une route symbolique dont parfois les bordures s’estompent avec le temps, pour devenir une sorte de tapis flou de nos pensées, une sorte de perte de repères dans cette société qui oublie trop souvent de mettre avant toute chose, l’homme au centre de nos préoccupations.

Le travail ne s’arrête jamais pour essayer de devenir un homme meilleur, n’est-ce pas le projet le plus fou et le plus enthousiasmant qui nous est offert ?

Février 21

Pierre-Marie