Découvrez les principaux rites maçonniques

En franc-maçonnerie, chaque obédience a son propre moteur (organisation) pour avancer, mais le rite est le carburant de toute progression initiatique.

Sans rite et donc sans le rituel, il n’y a pas de franc-maçonnerie et donc pas de franc-maçon ni d’obédience, si la comparaison est audacieuse, elle est pourtant assez juste.

L’Ecosse, sources des rites et rituels.

Le rite maçonnique au cœur de la vie initiatique

Il existe de très nombreux rites, certains se sont perdus ou tombés dans l’oubli tandis que d’autres ont été conservés, souvent modifiés et adaptés selon les besoins de l’époque et surtout des hommes.

Aujourd’hui, on a une bonne connaissance de l’histoire de la plupart des rites et de leurs rituels grâce notamment aux nombreuses études d’historiens et maçonnologues – étude de la franc-maçonnerie – qui nous permettent de remonter parfois jusqu’aux premiers textes qui les ont inspirés et de pouvoir contextualiser ces évolutions au fil des siècles.

Rite vient du sanscrit Rita

Le mot “Rite” vient du sanscrit “Rita” (encyclopédie de la franc-maçonnerie) qui veut dire “ordre”, on peut donc considérer qu’un rite sert ainsi à mettre de l’ordre dans une association maçonnique ou comment adopter une même conduite éthique, morale et initiatique.

En effet, une loge suit obligatoirement un rite se rattachant ainsi à une tradition maçonnique et s’inscrit nécessairement dans une pratique d’us, de coutumes et de rituels spécifiques à chacun de ces rites ainsi défini par la racine latine ritus.

Les rites sont donc l’ensemble des usages et règles d’un ordre qu’on trouve généralement dans des documents propres à chacun sous le nom de constitution ou code…tandis que les rituels en sont les textes et protocoles qui les font vivre lors des tenues.

Les rites, l’ensemble des usages et règles d’un ordre

Afin d’être précis, nous ne parlons dans ce guide que des rites pratiqués actuellement en France et pour ce que nous en connaissons à ce jour, c’est-à-dire des rites et rituels proposés par les principales obédiences pour les loges symboliques.

Ce blog s’adressant aux aspirants, nous pensons que nous vous devons un éclairage général de ces rites sans nécessairement viser l’exhaustivité et une description réduite de chacun, car s’ils sont nombreux, les rituels le sont encore plus.

En effet, les rites maçonniques sont nombreux et il est assez difficile d’en connaître le nombre exact, car si certains sont encore bien vivants et parfois très confidentiels d’autres sont tombés en désuétude.

On peut dire que tous les rituels en usage dans les loges sont des textes ayant subi des modifications successives menées par les obédiences ou à l’initiative des loges et donc il peut exister plusieurs versions comme nous le verrons.

Le rituel, une mise en scène des tenues

Chaque loge décide du rite et des rituels, à sa création ou bien après qu’elle souhaite utiliser lors de ses travaux, mais il lui faut avant tout obtenir le droit d’usage par son détenteur, essentiellement les obédiences, pour donner à ses tenues un authentique cadre maçonnique.

Une tenue commence lorsque tout est en place dans le temple (lumière, symbole, tableau de loge, etc.), le collège des officiers prêt à officier, toutes les sœurs et tous les frères sont à leur place dans le temple (les colonnes), revêtus de leurs décors (tablier, baudrier et gants) afin de passer symboliquement d’une apparence conventionnelle et de laisser au-dehors, du temple tous nos problèmes et nos soucis, à une attitude respectueuse et conforme avec les usages du rite.

Un protocole pour chaque événements maçonnique 

Les rites reposant essentiellement sur les rituels qui sont des textes inspirés d’une certaine tradition maçonnique dans lesquels se trouve un ensemble de consignes et recommandations très codifiées de l’organisation des tenues (réunions).

Chaque événement particulier (initiation, reconnaissance, élévation, etc.) a un protocole particulier comme l’utilisation de l’espace, l’ordonnancement du temple, les responsabilités et les rôles de chacun, la distribution de la parole, et surtout une rituélie spécifique pour bien faire vivre chaque cérémonie.

En effet, lors des tenues rien ou presque n’est improvisé et si la parole est libre, elle doit être respectueuse de l’enceinte, de l’assemblée et du rituel, car s’il n’est pas possible de rendre compte de ces temps de partage, cela dépend de plusieurs facteurs (les participants, le thème, le nombre, etc.) il est évident que le rituel utilisé est central dans la mise en jeu du travail initiatique et dans son imprégnation auprès des sœurs et des frères.

Une ouverture et une fermeture

Un rituel comprend toujours une ouverture et une fermeture des travaux pour les tenues ordinaires (réunion maçonnique) et pour les tenues particulières (initiation, élévation de grade, etc.) il y a à chaque fois un rituel spécifique qui permet de donner à tous ces moments un vrai sens initiatique.

Le rituel est donc très important et s’il en existe de nombreuses versions aujourd’hui, c’est bien que des Francs-maçons et Franc-maçonnes ont, au fil des siècles, continué à les faire évoluer jusqu’à en créer des nouveaux durant le siècle dernier.

Les six rites les plus répandus dans le monde

Les plus répandus : le Rite Français (R.F.) est pratiqué surtout en France et en Europe mais aussi au Brésil, le Rite Écossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.) est présent un peu partout dans le monde, on trouve le Rite d’York (R.Y.) essentiellement aux États Unis, tandis que le Rite Anglais de Style Emulation (R.A.S.E.) est surtout implanté en Grande Bretagne, et enfin il existe d’autres rites plus confidentiels comme le Rite Écossais Rectifié (R.E.R.), les Rites Égyptiens (R.E.) etc.

On va les passer tous les présenter

Rite Écossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.)

C’est un Rite fondé en 1801 à Charleston (Etats-Unis) et introduit en France en 1804 par Alexandre François Auguste, comte de Grasse, marquis de Tilly dit Grasse-Tilly qui prend comme fondamentaux les constitutions d’Anderson de 1723.

C’est un rite traditionnel qui tient son origine dans le Rite dit des « Antients » qui se sont opposés aux « Moderns », initiatique et déiste avec la présence de la bible sur l’autel des serments.

Le plus répandu dans le monde

C’est le rite le plus répandu dans le monde et est dorénavant majoritaire en France (encyclopédie de la Franc-maçonnerie) puisqu’il est le rite principal de plusieurs grandes obédiences comme la Grande Loge de France (G.L.D.F.), le Droit Humain (D.H.) et la Grande Loge Féminine de France (G.L.F.F.).

Rite français (R.F.)

C’est à la naissance de la franc-maçonnerie que se crée à partir de 1717, le premier rite dit des “Moderns “ puis il traverse la manche dans les bagages d’exilés britanniques qui l’implante rapidement en France dans des loges qu’ils créent.

Au départ, le rite français est inspiré des textes fondateurs Écossais et anglais et donc très fidèle à l’esprit des débuts de la maçonnerie moderne, il va vivre ensuite de nombreuses transformations pour être finalisé pour les trois grade (apprenti, compagnon et maître) à partir de 1785 et devenir ainsi le rite principal du Grand Orient de France dès 1801.

Le rite officiel du Grand Orient de France 

La dernière réforme de 1938 a été voulue pour redonner une plus grande place au symbolisme et revenir aux sources initiatiques du rituel des origines qui avait eu tendance à disparaître après la révolution française.

C’est aujourd’hui le Rite Français dit Groussier qui est le plus pratiqué dans cette obédience même si on peut parler d’autres variantes utilisées aussi par d’autres obédiences comme le Rite Français Moderne, le Rite Français Traditionnel (ou Rite Français Moderne Rétabli), le Rite Français de Tradition et enfin le dernier adopté par cette obédience en 2002, le Rite Français Philosophique.

Rite Écossais Rectifié (R.E.R.)

Le Rite ou Régime Écossais Rectifié a été créé à Wilhelmsbad en 1782 sous la présidence du duc Ferdinand de Brunswick-Lunebourg et c’est ensuite grâce au travail du français Jean-Baptiste Willermoz, qu’aboutira en 1820 à la forme définitive connue aujourd’hui dans notre pays.

Il a été créé par des francs-maçons désirant “rectifier” les influences néfastes à une pratique authentique pour revenir à une forme plus fidèle de la maçonnerie spéculative originelle et infléchir vers un ordre chrétien et chevaleresque avec ses propres règles, ses cérémonies et une progression initiatique originale.

Un rite d’essence chrétienne 

Il est d’essence chrétienne dite « transcendante » et chevaleresque et il se distingue notamment par la bible ouverte, le port de l’épée en loge, le chapeau pour le grade de maître, des noms particuliers et par sa structure ordinale.

Rite d’York (R.Y.)


C’est un rituel né en Écosse au sein de la Grande Loge d’Écosse pour ensuite être emprunté par la « Grande Loge des anciens » fondée en 1751 pour s’opposer aux « moderns » de la première Grande Loge d’Angleterre qui en avait dénaturé, selon eux, les principes fondateurs de 1717.
Il est très rapidement introduit aux États-Unis par des militaires Irlandais envoyés par la reine pour combattre ceux qui voulaient se séparer de sa tutelle.

Le rite principal aux Etats-Unis


Il se développe à partir du Massachusetts (Boston) tout au long du 18e siècle pour en faire aujourd’hui le rite principal de la maçonnerie Nord-Américaine qui prendra plus tard le nom de Rite américain.
C’est un Rite christique qui s’appuie sur l’ancien testament et comme chez les francs-maçons opératifs, la transmission se fait essentiellement à l’oral et les rituels sont appris et dits par cœur par les officiers de la loge.

Le Rite Anglais de Style Émulation (R.A.S.E.)


Le Rite Émulation ou Rite anglais de Style Émulation ou Rite d’union est un rite maçonnique qui naît en 1817 en Angleterre à la création de la Grande Loge Unie d’Angleterre (G.L.U.A.) consacrant la réunion des deux grandes loges ennemies, la « Grande Loge des anciens » dite des « Antients » fondée en 1751 et la première Grande Loge d’Angleterre dite des « Moderns » en 1717.

Le rite de la Grande Loge Unie d’Angleterre 

Le rituel apparaît à l’époque comme une réponse diplomatique pour apaiser la querelle des « Anciens » et des « Modernes » en réunissant les deux rituels en un seul.
C’est la Loge « Émulation Lodge of Improvement », qui lui donnera le nom définitif à ce rituel.
Il arriva en France au XXè siècle avec les soldats alliés et il fut immédiatement adopté par la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière (G.L.N.I.R.) et future Grande Loge Nationale Française (G.L.N.F.), seule obédience française régulière et reconnue par la Grande Loge Unie d’Angleterre (G.L.U.A.).


Il est aussi pratiqué par la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (G.L.T.S.O.) née en 1958, ainsi que la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (G.L-A.M.F.) née en 2012, issues de scissions avec la Grande Loge Nationale de France (G.L.N.F.).

Un rite pratiqué par plusieurs obédiences françaises.


C’est un rituel ayant subi peu de transformation, car il est fortement inspiré du travail en loge des maçons de métier ou rien n’était écrit et tout se transmettait à l’oral.
Comme pour le rituel de York, il doit être parfaitement mémorisé et compris par les officiers de la loge comme à l’origine de la franc-maçonnerie moderne.

Les Rites Égyptiens (RE)

Les rites maçonniques égyptiens, nés au début du XIXe siècle, sont au nombre de quatre avec le Rite de Misraïm, le Rite de Memphis, le Rite de Memphis et Misraïm et enfin le Rite de Memphis-Misraïm.
Ils puisent tous leur origine dans l’Égypte antique et ses mystères et c’est après la campagne d’Égypte de Napoléon qu’ils furent au 19 siècle l’objet d’un important engouement en France.


La particularité de ces rites est qu’ils se transmettent de personne à personne (intuitu personæ), personne qui en est dépositaires toute sa vie et parmi les principaux dignitaires français du 20e, il faut retenir Robert Ambelain qui a réformé tous ces rituels, fondé la Grande Loge Française du Rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm et unifié ce courant de la Franc-maçonnerie Française dans les années soixante.

Après en avoir héritée notamment de Constant Chevillon et Gérard Anaclet Vincent Encausse, dit Papus, il transmet à son tour sa charte en 1985 à Gérard Kloppel, mais en 1998 une grande scission a lieu et provoque une dispersion de tous ses membres et a comme conséquence la création de nombreuses petites loges se réclamant du même héritage.

Le rite, matrice de la franc-maçonnerie

Ce guide est important, car le rite est la matrice principale de la franc-maçonnerie, il structure une pratique, et permet de la rattacher à une tradition maçonnique vieille de plus trois siècles maintenant.
Les rites historiques ont tous une origine écossaise (17e siècle) et il n’était pas écrit, ce n’est qu’un peu plus tard (18e) qu’ils sont couchés sur du papier, d’abord très simples puis au fils des siècles de plus en plus complets, pour être aujourd’hui très normalisés.
Selon les historiens, il existe une cinquantaine de rites, mais seule une douzaine sont actuellement en usage avec des variantes et des particularités entre loges, obédiences et pays.

Le Guide