Ils travaillent !
La Franc-maçonnerie ne se réfère à aucune philosophie ni pensée, elle ne professe aucun dogme ni croyance, ce n’est ni une religion ni un mouvement politique et pourtant elle s’est imposée comme un espace de sociabilité unique et toujours vivant.
Mais beaucoup de personnes se demandent ce qui se passe réellement en loge ?
Que se passe-t-il vraiment en loge
En effet, cela peut être troublant surtout si on est voisin d’un temple maçonnique et de voir tous ces anonymes arriver les uns derrière les autres à la tombée de la nuit, habillés sombrement et frapper à la porte d’un bâtiment quelconque, de les voir ressortir quelques heures après sans savoir qui ils sont et que font-ils durant toutes ces heures.
Alors plutôt que de laisser un doute, il faut être transparent sur ce que nous faisons.
Les francs-maçons travaillent !
Le travail est une fonction importante pour l’homme, manuel ou intellectuel, il est aussi au cœur de la franc-maçonnerie universelle, car le franc-maçon participe par son action personnelle et collective à l’amélioration de l’humanité.
Elle travaille selon sa propre méthode (rituel) et ses outils (symboles) et propose un parcours initiatique où peuvent progresser à leur rythme et selon leurs prédispositions, tous les hommes et les femmes qui nous rejoignent.
La Franc-maçonnerie, une fabrique d’humanisme
Le travail du franc-maçon est d’abord tourné vers lui-même pour être ensuite mis au service des autres, ainsi de la réflexion en loge à l’action concrète dans la cité, il n’y a qu’un pas que les sœurs et frères franchissent naturellement.
C’est ainsi qu’au fil des siècles, la franc-maçonnerie a affirmé comme essentiels quelques grands principes et valeurs comme la fraternité entre tous les hommes, le perfectionnement de l’être humain et le progrès de l’humanité.
Elle œuvre à l’accomplissement d’un citoyen debout et éclairé, pour que les Hommes et les Femmes deviennent libres et égaux et qu’ils trouvent leur place dans la société.
Les francs-maçons travaillent collectivement à l’édification d’une société plus juste et plus fraternelle, elle inscrit son action dans le cadre de la République française et la plupart des obédiences françaises reprennent à leur compte la devise de la France : liberté, égalité et fraternité.
Un espace de travail
Aller en loge, autrement dit participer à une tenue (Voir le guide Loge, atelier ou temple ?), désigne pour les francs-maçons et franc-maçonnes du monde entier le moment le plus important de la vie d’une loge, un temps réunissant tous les membres dans leur temple.
La convocation est toujours identique : un jour, une heure, et un ordre du jour généralement assez détaillé, et si autrefois elle arrivait par la poste et était écrite à la main, aujourd’hui nous la recevons par mail, beaucoup plus rapide et économique.
Les tenues sont régulières, une à deux fois par mois en moyenne, souvent en soirée et obligatoires, il est évidemment très important d’être assidu puisque c’est un engagement de départ et une absence doit toujours être motivée.
Enfin le travail en loge, c’est aussi participer aux travaux collectifs et prendre des responsabilités au sein de l’association.
On est en loge, terme employé pour marquer notre présence, lorsque nous sommes réunis dans le temple, assis à notre place et prêt à participer à une tenue.
On est prêt à vivre un moment collectif, un moment de travail, de partage et de très grande fraternité.
Un protocole très précis
Une tenue est parfaitement codifiée, chaque membre tient une place particulière, et suit avec une grande rigueur un protocole qui peut varier selon les obédiences ou les loges, mais respectant des règles communes.
Une tenue commence lorsque tout est en place dans le temple (lumière, symbole, tableau de loge, etc.), le collège des officiers en poste et prêt à officier, les sœurs et les frères sont à leur place dans le temple (sur les colonnes), revêtus de leurs décors (tablier, baudrier et gants) afin de passer symboliquement d’une apparence conventionnelle et laisser en dehors de tous nos problèmes et nos soucis, à une attitude respectueuse et conforme avec les usages du rite (voir le guide – les rites).
Ce passage du profane au sacré est possible grâce au rituel soutenu par de la musique, ainsi le cérémonial sollicite les sources émotionnelles de notre cerveau pour se mettre en osmose avec l’assemblée et son objet.
La tenue se déroule invariablement selon un ordre du jour assez précis commençant toujours par un rituel d’ouverture, car pour rendre ces travaux « sacrés », il faut qu’ils soient ouverts maçonniquement et selon un rituel particulier (voir le guide – les rites).
Ensuite, le programme se poursuit à un rythme soutenu, alternant le rituel, les intervalles musicaux, l’exposé d’un frère ou d’une sœur suivis des impressions des autres membres et se termine immuablement par la fermeture des travaux selon le rituel.
Une tenue peut durer deux à trois heures selon l’ordre du jour et le nombre de participants.
Un ordre du jour connu.
Une réunion maçonnique est un espace particulier qui obéit d’une part à un rituel encadrant le volet maçonnique et d’autre part à un règlement qui organise la vie de chaque atelier et enfin un ordre du jour ordonnant les travaux.
C’est le rôle du président et du collège d’officiers de la loge de préparer l’ordre du jour et de le suivre rigoureusement.
En effet, le déroulement d’une tenue est composé de deux volets, le premier règle les questions administratives (courrier, relations publiques, etc.) qui est parfois très réduit ou même absent dans certaines loges et l’autre est consacré au travail maçonnique.
Cette seconde partie peut avoir plusieurs aspects, mais très souvent, il s’agit de la restitution du travail d’un frère ou d’une sœur (planche) ou bien une réflexion commune se terminant par un échange constructif et fraternel.
Enfin, les tenues sont prolongées par des agapes qui sont un repas léger pris en commun et souvent dans une autre salle. Avec ou sans rituel, c’est un moment de partage et de grande fraternité pour des sœurs et des frères
Un travail sur soi
Le franc-maçon travaille toute sa vie à son propre perfectionnement, car pour changer le monde et les autres, il faut d’abord se perfectionner, c’est souvent une des principales raisons de l’adhésion en franc-maçonnerie.
Le premier travail qui est demandé à un jeune apprenti est à faire sur lui-même afin de se découvrir et de s’ouvrir aux autres et pour cela, il sera astreint au silence pendant plusieurs mois afin de consacrer toute cette période à une introspection qui va l’amener à écouter, observer, réfléchir et se documenter.
Ensuite, il faut approfondir notre relation aux autres, un axe important du travail maçonnique, afin de pouvoir les entendre sans porter de jugement et sans abandonner notre esprit critique et notre sensibilité.
Cette approche fraternelle permet de rencontrer des frères et des sœurs différents, et donc de prendre en compte des raisonnements et points de vue nouveaux pour mieux construire sa pensée.
Ainsi, dans sa quête, le franc-maçon recherche toujours ce qui est beau en explorant sa sensibilité, ses émotions et les esthétiques, le bien par une étude de la morale et de l’éthique et enfin le vrai par une recherche de la vérité.
Un travail avec les autres
Le travail en loge est, au sens littéral du terme, de participer activement à la vie du groupe en prenant des responsabilités en son sein, en participant aux projets, en aidant les frères ou les sœurs, en soutenant une initiative ou en proposant ses services.
Le travail en loge est aussi de participer aux réflexions lors des tenues et parfois de contribuer à la rédaction de sujets traités collégialement ou proposés par l’obédience.
C’est aussi de temps à autre de produire un travail personnel (planche) sur un sujet choisi (symbolique, philosophique ou sociétal) qui est ensuite lu et partagé avec les sœurs et les frères lors d’un temps d’échanges afin de se nourrir du regard des autres.
Ce texte n’est pas un travail purement intellectuel, il ne demande pas nécessairement un niveau d’étude supérieure, mais le résultat d’une réflexion personnelle ne présentant aucune convention académique de forme et de fond.
Cette présentation doit être prise comme un moment particulier dans le travail du franc-maçon ou de la franc-maçonne, très simple à prime abord, mais qui reste un exercice formateur dans la prise de parole en public.
Un travail vers les autres
Enfin, si nous avons l’art de travailler à l’abri des regards, le maçon ou la maçonne est, par nature, tourné vers les autres et doit œuvrer concrètement à l’amélioration morale et matérielle de l’humanité.
La philanthropie est donc pour le franc-maçon constitutif de son engagement, c’est un des piliers de notre ordre.
Le franc-maçon, la franc-maçonne s’engage par devoir, car si la franc-maçonnerie veut «changer l’homme et la société », il faut être prêt à donner de son temps et de son énergie pour faire naître de la solidarité, de l’entraide et de l’intelligence, c’est bien en s’engageant dans tous les espaces de la vie qu’il peut concourir à cet idéal de vie.
Le franc-maçon sincère est avant tout une femme ou un homme engagé.e, il participe donc activement à la vie de la cité et vous pouvez le rencontrer dans des champs très différents comme le social, le sportif, le culturel, les syndicats et parfois la politique, il peut être engagé localement dans sa ville ou pour son pays, il peut être actif dans des associations humanitaires, caritatives, de défense des droits de l’homme et de la femme.
Le travail ne s’arrête jamais.
Selon les loges et les obédiences, le travail peut se concentrer sur des sujets purement maçonniques (symbolisme, rite et rituel) qui sont, en effet, suffisamment riches et complets, tandis que d’autres, élargissent leur champ à des sujets plus transversaux.
Il est donc important d’être bien informé et bien orienté dès le départ, car du choix de votre obédience ou de votre loge peut dépendre la fluidité de votre parcours, en l’occurrence comment allez-vous vivre votre engagement si vous n’êtes pas spécialement à l’aise avec le rituel et les symboles ou au contraire avec les sujets sociaux, sociétaux ou d’actualité.