La franc-maçonnerie n’est pas pour tous, tout comme le football ou l’opéra d’ailleurs, mais elle n’exclut personne, il suffit de visiter des loges pour y rencontrer de nombreux profils sociaux, avec sans doute quelques différences entre Paris et la Province, et entre les obédiences et les loges.

Une grande famille !

La franc-maçonnerie est comme une grande famille avec des parents, des enfants et leurs grands-parents maternels et paternels, des oncles et des tantes, des cousins et cousines, tout ce monde constitue une lignée dont chaque membre évolue différemment et parfois séparément avant de s’émanciper et de fonder à son tour une nouvelle famille.

Un jour, comme cela arrive souvent, il y a des disputes, des querelles, des dissensions et des séparations. On ne se parle plus, on s’éloigne, on oublie les anniversaires et on manque parfois les décès.

Il en est ainsi pour la franc-maçonnerie universelle qui a une longue histoire et au fil des siècles, elle est devenue plurielle, organique et planétaire créant ainsi de nouvelles familles descendant toutes d’un même ordre maçonnique (voir le guide Ordre Initiatique) et se partageant un même patrimoine symbolique dont chaque pays et chaque obédience ont donné une identité propre.

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Alors qui sont les francs-maçons ?

Les membres des premières loges (voir le guide Loge, atelier ou temple ?) étaient des constructeurs, compagnons et maîtres bâtisseurs puis, nous sommes passé dès le 18e aux gentlemen maçons avec une forte présence de la noblesse, de l’aristocratie et des militaires pour aujourd’hui constater que ces mêmes groupes sociaux, ayant perdu de leur influence, sont presque invisibles au sein des loges et qu’ils ont été remplacés.

(Expo BNF Le mystère des origines -2016 ) 

Ils sont souvent actifs !

Il est difficile de donner une image juste des membres de la franc-maçonnerie actuelle, car aucune étude n’existe réellement et les obédiences ne s’en préoccupent pas officiellement.

Les francs-maçons semblent être des hommes et des femmes issu.es des classes moyennes et dans des proportions moindres des classes supérieures.

On peut dire qu’il y a une part significative de représentants des corps intermédiaires : chambres consulaires (commerçant, industriel, agriculteurs) les ordres professionnels (avocat, notaire, médecin, architecte, infirmière, etc.) ainsi qu’un assez gros contingent des milieux associatifs dans lequel on trouve nécessairement les plus engagés au service des autres comme des dirigeants dans le sport, l’éducation populaire, la défense de l’environnement ainsi que dans le mouvement de l’économie sociale et solidaire.

En première ligne 

Les franc-maçons sont des personnes ayant professionnellement plutôt une situation stable, entre professions intermédiaires et cadre supérieur, ils viennent principalement des emplois les plus représentés sur une ville ou une zone géographique.

Il est donc logique qu’on retrouve dans beaucoup de loges de province, une composition assez similaire puisque sur un territoire, on trouve toujours une fonction publique d’état avec sa préfecture et ses services déconcentrés (intérieur, armée, enseignement, finances, etc.) ainsi que tous les services délégués comme la poste, les télécommunications, le transport, la fonction publique hospitalière, très importante et parfois premier employeur d’une agglomération avec tous ses métiers médicaux (médecin, chirurgien, infirmière, etc.) et para-médicaux (Anesthésistes, radiologue…etc) des artisans et des commerçants qui constituent le poumon économique d’une ville.

Il est donc facile d’imaginer que c’est dans ce creuset de professions que se trouve le premier cercle des membres d’une loge, mais il faut ajouter d’autres professions moins importantes (Artiste, journaliste, politique, etc. ) puis, il faut prendre en compte aussi toutes les spécificités locales (grosses entreprises, leader industriel, siège de multinationales, start-up du digitale et du numérique) ou des francs-maçons ou franc-maçonnes travaillent.

Des forces…

Il est à remarquer que c’est dans les forces vives que la franc-maçonnerie recrute d’abord, car ils agissent et travaillent aussi pour faire avancer l’homme et la société et s’ils sont parfois des privilégiés parce qu’ils ont un emploi, cela n’en fait pas nécessairement une élite au sens “choisi” pour ce qu’ils représentent, mais pour ce qu’ils sont.

Il faut aussi distinguer toutes les nuances qui peuvent exister entre des sœurs et des frères aux parcours personnels singuliers, issu.es de milieux culturels différents ou agissant dans des organisations aussi différentes que les syndicats, les partis politiques, les chambres consulaires et le monde associatif.

Marc Blondel, fils de militaire et petit-fils de mineur, grand syndicaliste et secrétaire général du syndicat CGT-FO était-il une élite ? Certainement, puisqu’il a dirigé pendant de longues années un grand syndicat français, mais son origine sociale n’en faisait pas moins un homme aux origines modestes et sorti du rang.

Je pense que c’est une chance pour la maçonnerie de pouvoir attirer sur ses colonnes toutes ces personnes engagées sur autant de champs et d’actions, mais il est certainement dommage d’être en retard sur l’ouverture à certaines catégories comme le monde agricole et les services.

…..mais aussi des points faibles?

1/ les femmes et la franc-maçonnerie

Il faut le savoir, on est bien loin d’une véritable parité dans la franc-maçonnerie française, car selon quelques chiffres épars, elles ne représentent que 20 % des effectifs totaux de l’ensemble des obédiences mixtes et féminines.

Une des raisons principales est que l’initiation des femmes est assez récente et pas assez connue pour permettre un développement plus rapide malgré le gros travail des pionnières du droit humain et de la grande loge féminine de France.

En effet, la Franc-maçonnerie est depuis l’origine Masculine, car au temps des « opératifs » la femme ne pouvait pas être membre du Métier et ce n’est que bien plus tard qu’elles ont souhaité être associées à ce mouvement naissant, d’abord sous la forme de la maçonnerie d’adoption puis, elles se sont battues pour être membres à part entière en étant initiées comme les hommes.

Ainsi, la franc-maçonnerie s’est véritablement ouverte aux femmes à la fin du 19e siècle par l’initiation le 14 janvier 1882 de Maria Deraismes, féministe et militante des droits de la femme.

Elle fonde le 4 avril 1893 avec le docteur Georges Martin, la première obédience mixte appelée Grande Loge Symbolique Écossaise – Le Droit Humain qui est aujourd’hui la plus importante obédience mixte au monde et qui porte maintenant le nom de L’Ordre Mixte International, le Droit Humain (DH).

Depuis, d’autres obédiences se sont créées, mais il a fallu attendre 1952 pour voir apparaître la première obédience exclusivement féminine avec la création de la Grand Loge Féminine de France (G.L.F.F.).

2/ Jeunes ou seniors ?

En franc-maçonnerie, on vieillit bien sur les colonnes, car la moyenne d’âge est assez élevée, et cela est un problème pour beaucoup d’obédiences. Dans l’idéal, il est nécessaire d’avoir toutes les générations présentes dans une loge, car nous devons travailler sous le regard et l’écoute des plus anciens, mais aussi des plus jeunes afin de ne pas perdre ce contact avec la société et avec ceux qui sont dans la vie active.

Malgré une entrée en franc-maçonnerie assez tardive (40/50 ans-Le paysage maçonnique français actuel par Yves Hivert-Messeca), on voit de plus en plus de jeunes trentenaires initiés grâce au travail de communication des obédiences.

Il n’y a donc pas d’âge pour devenir franc-maçon, aujourd’hui, il n’est pas rare de voir de jeunes retraités commencer un parcours maçonnique, c’est un choix personnel et intime qui doit se faire au bon moment.

Il n’y a pas de parcours idéal non plus, c’est en fonction de chacun.e et plus exactement cela est souvent la combinaison d’une grande motivation, de circonstances personnelles favorables et d’un élément extérieur déclencheur.

En y rentrant très jeune, c’est une garantie de pouvoir dérouler un long parcours et donc d’approfondir et de vivre une voie singulière.

En y rentrant plus âgé, c’est l’assurance de trouver au sein d’une loge un environnement propice à un épanouissement personnel ainsi qu’un nouvel espace de fraternité.

Ces conditions sont nécessaires, mais pas obligatoires, chaque cas s’apprécie en fonction des circonstances et du contexte personnel et comme le temps est toujours propice à la maturation d’un projet, il ne faut pas se précipiter.

3/ Franc-maçonnerie et handicap, on doit mieux faire

On peut être handicapé et s’engager en franc-maçonnerie, rien ne doit l’empêcher et surtout depuis la LOI n° 2015-988 du 5 août 2015, ou tous les établissements recevant du public ont eu l’obligation de s’adapter aux besoins des quatre familles de handicap et en particulier les handicaps moteurs, sensoriels, auditifs et visuels.

Les obédiences et plus généralement les loges propriétaires des temples ont investi ces dernières années pour sécuriser les déplacements intérieurs, permettre l’accès aux étages et offrir une bonne amplification.

Le handicap est un sujet sur lequel les francs-maçons ont longtemps travaillé, ils peuvent nous rejoindre sans crainte.

4/ Franc-maçonnerie et genre, un sujet pas nouveau

Olivier Chaumont, alors qu’il est membre du Grand Orient de France depuis 1992 (GODF), la principale obédience française masculine, opère un changement de genre pour devenir officiellement en 2010 une femme (Olivia à l’état civil) et oblige ainsi le GODF à reconnaitre sa nouvelle identité et soumettre lors du convent (assemblée générale) de 2010 à Vichy la mixité de l’obédience.

Cette obédience accepte maintenant les femmes et est sans doute la première, pour la France, à accepter une transsexuelle même si nous savons que pour beaucoup d’autres, ils/elles n’ont pas encore fait tout ce chemin et cela reste encore caché.

5 / Croyant, adogmatique ou athée ? rien ne sert de choisir.

Les obédiences sont tenues de respecter le droit du pays et en l’occurrence les lois françaises dont la liberté de conscience inscrite dans l’article 18 de “La Déclaration universelle des droits de l’homme” adoptée en 1948 par les Nations unies ainsi que la “Convention européenne des droits de l’homme” de 1950 intitulée dans son article 9 « Liberté de pensée, de conscience et de religion » et donc chacun est libre de croire, de ne pas croire ou d’abandonner une croyance.

Approches différentes

Certaines loges et obédiences imposent à leurs membres de croire (théiste) en un dieu révélé et on retrouve dans le temple la Bible ouverte au prologue de Jean qui évoque pour les catholiques « La Lumière » qui émane de Dieu.

C’est une franc-maçonnerie d’essence chrétienne qui peut avoir différentes variantes.

D’autres gardent la bible ouverte, mais ils travaillent sous les auspices d’un Grand Architecte de l’Univers (G.A.D.L.U.) – qu’elles désignent comme un principe créateur – tout en laissant ses membres libres de l’interpréter selon leurs convictions ou sensibilités.

C’est une franc-maçonnerie déiste qui croit donc en un principe créateur, mais qui ne le nomme pas et pouvant convenir aux croyants de toutes les religions, plutôt ouverts et libéraux.

Enfin, il y a celles qui partent du principe que toute croyance est personnelle et donc du domaine privé, une orientation prise par le Grand Orient de France (convent de 1877) lorsqu’il a supprimé de ses règlements généraux la référence à l’existence de Dieu et de remplacer par le Grand Architecte de l’Univers (G.A.D.L.U.) car relevant de la libre interprétation de chacun et plus d’un dieu. Ce bouleversement a permis aux croyants, agnostiques et athées de se réunir en toute fraternité.

La franc-maçonnerie permet de rester nous-mêmes, sans avoir à changer nos cultures et nos croyances, d’abandonner certains de nos engagements ou de changer notre vie.

C’est un espace de très grande liberté.

Arnaud Beltrame, mort en service le 24 mars 2018 à Carcassonne (Aude), est un officier supérieur de gendarmerie français qui s’est volontairement substitué à un otage au cours de l’attaque terroriste du 23 mars 2018 à Trèbes et avoir succombé aux blessures reçues durant cet événement. 

Derrière ce gendarme, se cachait un catholique très pratiquant et un franc-maçon, un exemple qui permet de comprendre qu’on peut-être croyant et franc-maçon même si l’église catholique ne l’accepte toujours pas.

Il était membre de la Grande Loge de France.

Il y à de nombreux protestants en Franc-maçonnerie ainsi que des juifs tandis que les musulmans ou de culture musulmane commencent à être bien représentés,  

Un constat encore très contrasté

Le premier constat est que la maçonnerie française est encore très masculine (82 %) avec un âge moyen de 50 ans ayant plutôt un emploi, mais avec un fort pourcentage de retraités.

Les femmes sont environ 32 000 (18 %) et surtout présentes dans deux grandes obédiences, le Droit Humain (DH- Mixte) et la Grand Loge Féminine de France (GLFF-Féminine), les hommes, mais surtout les femmes de culture musulmane sont encore trop peu et les jeunes sont encore trop peu représentés.

Le guide