Une fraternité initiatique ancienne

La franc-maçonnerie, avec ses racines spirituelles et philanthropiques, s’efforce d’encourager le progrès moral, matériel et social de l’humanité. Ressemblant aux guildes du Moyen Âge, ses membres sont choisis par cooptation et s’engagent dans des rites initiatiques basés sur un mystique secret maçonnique et les principes de l’architecture. Elle se définit diversement comme une entité principalement philosophique et philanthropique, un ensemble de principes moraux symbolisés ou un ordre initiatique.

Le château de Saint-Germain en Laye, France, ville ou est née la première loge de France

Un espace de rencontre et de solidarité

En France, la franc-maçonnerie s’est intégrée dans le tissu des mouvements historiques et sociaux divers, offrant un lieu de rencontre et d’échange. Apparue au début du XVIIIe siècle, influencée par les francs-maçons britanniques, elle s’est diversifiée en de nombreuses traditions et rites, formant une large palette d’obédiences. Elle a souvent été critiquée pour diverses raisons à travers les temps et les régions.

Une histoire de plusieurs siècles

Cet article explorera l’histoire de la franc-maçonnerie en France, depuis ses débuts jusqu’à l’ère moderne, en soulignant ses figures clés, courants de pensée, influences culturelles et politiques, ainsi que les défis qu’elle affronte de nos jours.

Les débuts de la franc-maçonnerie en France

La naissance de la franc-maçonnerie : des origines opératives aux premières loges spéculatives

La franc-maçonnerie plonge ses racines dans les corporations de bâtisseurs médiévaux qui, pour préserver leurs secrets de métier, utilisèrent des symboles et signes distinctifs. Ces groupes, ou loges, permettaient de partager connaissances et valeurs entre apprentis, compagnons et maîtres. Vers le XVIIe siècle, ces loges s’ouvrirent à des individus extérieurs au secteur de la construction, attirés par la symbolique et la philosophie maçonniques. C’est ainsi que naquirent les maçons spéculatifs, souvent issus de la noblesse, de la bourgeoisie, ou du clergé, qui transformèrent la franc-maçonnerie en une société secrète aux visées humanistes et universalistes.

L’importation de la franc-maçonnerie en France et la création de la Grande Loge de France

Introduite en France via les Jacobites, soutiens de Jacques II d’Angleterre exilés après la Glorieuse Révolution de 1688, la première loge maçonnique française attestée est « La Parfaite Égalité », fondée en 1721 à Saint-Germain-en-Laye par des officiers écossais et irlandais. Sous l’impulsion des francs-maçons anglais, créateurs de la Grande Loge de Londres en 1717, d’autres loges voient le jour à Paris et en province. En 1728, le duc d’Antin, élu grand maître, consolide la Grande Loge de France, en lui conférant règlements et rituels propres, visant à en renforcer l’autonomie et l’identité.

Le rôle de la franc-maçonnerie sous l’Ancien Régime et la Révolution française

La franc-maçonnerie française connaît un essor remarquable au XVIIIe siècle, attirant des figures marquantes telles que Montesquieu, Voltaire ou encore Benjamin Franklin. Elle devient un vecteur des idées des Lumières, inconditionnelle de la tolérance, de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, et un foyer de contestation contre l’absolutisme royal et l’Église. Sans être directement à l’origine de la Révolution française, elle y joue un rôle clé, participant notamment à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et à l’élaboration des institutions républicaines.

L’évolution de la franc-maçonnerie au XIXe et XXe siècle

Division et pluralité des obédiences : le Grand Orient de France et la Grande Loge de France

Au cœur du XIXe siècle, la franc-maçonnerie en France se scinde principalement en deux branches : le Grand Orient de France (GODF), première obédience née en 1738 sous le nom de Grande Loge de France et la Grande Loge de France (GLDF), qui reprend à sa naissance en 1894 cette appellation plus utilisée de puis 1773 . Le GODF se démarque en 1877 par son engagement pour la liberté de conscience, éliminant ainsi la référence obligatoire au Grand Architecte de l’Univers.

En 1877 les athées et agnostiques peuvent devenir francs-maçons

Ceci ouvre la porte aux membres athées ou agnostiques. La GLDF garde quant à elle une approche traditionnelle axée sur le symbolisme et la reconnaissance d’un principe créateur. Ces organisations diffèrent aussi par leur orientation sociétale : le GODF privilégie l’engagement social et la réflexion philosophique et symbolique alors que la GLDF met l’accent sur l’aspect spirituel et initiatique. Le XXe siècle voit l’émergence d’autres obédiences, illustrant la richesse et la diversité des interprétations au sein de la franc-maçonnerie Française.

La franc-maçonnerie face aux bouleversements politiques et sociaux

À travers les XIXe et XXe siècles, la franc-maçonnerie française joue un rôle actif dans les moments clés de l’histoire française, notamment en soutenant les valeurs républicaines, laïques et démocratiques durant l’affaire Dreyfus, la séparation de l’Église et de l’État en 1905, et la résistance face au nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle affronte aussi les tentatives de répression par des régimes autoritaires comme lors du Premier Empire, la Restauration, ou sous le régime de Vichy et l’Occupation allemande. La franc-maçonnerie est également marquée par des divisions internes, par exemple la création en 1913 de la Grande Loge nationale française (GLNF), ou la scission de 1958 avec la Grande Loge nationale française (GLNF) et la création d’une nouvelle obédience  la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO). Elle évolue en réponse à des changements sociaux comme l’émancipation des femmes, la décolonisation ou encore la mondialisation.

Modernisation et démocratisation de la franc-maçonnerie

Au XXe siècle, la franc-maçonnerie française se modernise et se démocratise, attirant de nouveaux membres venant de la classe moyenne, des sphères intellectuelles, artistiques, médiatiques, ou encore des communautés ethniques ou religieuses. Elle s’ouvre à la mixité et à une plus grande féminisation, avec la reconnaissance ou la création d’obédiences mixtes ou exclusivement féminines, telles que la Fédération française du Droit humain, la Grande Loge féminine de France ou la Grande Loge mixte de France. Elle renforce également ses liens avec d’autres obédiences européennes ou internationales, en créant des relations fraternelles ou en contribuant à des instances de dialogue comme le CLIPSAS ou la Confédération maçonnique de France (CMF).

La franc-maçonnerie française aujourd’hui

Le paysage maçonnique actuel : diversité des obédiences et des rites

En France, la franc-maçonnerie réunit aujourd’hui plus de 200 000 adhérents au sein de plus de 5 000 loges et environ 30 obédiences ayant pignon sur rue. Cette communauté se distingue par sa grande diversité, que ce soit en termes de rites, de philosophies ou d’orientations sociales. On trouve d’une part les obédiences « régulières », fidèles à la Grande Loge unie d’Angleterre (GLUA), prônant la croyance en un être suprême et excluant la mixité, et d’autre part les obédiences « libérales », ouvertes à tous et ne s’appuyant pas sur un credo religieux.

Parmi les plus notables, la Grande Loge Nationale Française (GLNF) représente le courant régulier de la GLUA, la Grande Loge de France (GLDF), la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF) et la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra (GLTSO) représentent le courant traditionnelle, tandis que le Grand Orient de France (GODF), la Fédération Française du Droit humain (DH), la Grande Loge féminine de France (GLFF), la Grande Loge Mixte Universelle (GLMU) ou la Grande Loge Mixte de France (GLMF) incarnent le courant libéral. Les pratiques rituelles sont également diversifiées, incluant parmi d’autres le rite français (RF) le rite écossais ancien et accepté (REAA), le rite écossais rectifié (RER).

La franc-maçonnerie dans la société française : intégration et controverses

Intégrée à la société française, la franc-maçonnerie est reconnue comme faisant partie intégrante du paysage culturel, intellectuel et associatif du pays. Elle entretient des relations avec divers acteurs sociaux, comme les gouvernements, les médias, les universités et les organisations non gouvernementales, et participe activement au débat public sur des thématiques variées telles que la bioéthique, la laïcité ou l’écologie. Elle organise également de nombreux événements comme des conférences et des expositions pour promouvoir ses valeurs et son histoire. Cependant, elle fait face à des controverses et des critiques de la part de certaines sphères religieuses, politiques ou autres, qui l’accusent parfois d’être sectaire ou d’exercer une influence occulte, sans oublier les scandales impliquant certains de ses membres.

Les défis contemporains de la franc-maçonnerie : entre tradition et modernité

La franc-maçonnerie française est confrontée à des défis majeurs aujourd’hui, cherchant constamment l’équilibre entre le respect de ses traditions et l’adoption de la modernité. Elle s’efforce de concilier la fidélité à son héritage historique avec l’acceptation de nouvelles pratiques culturelles et technologiques. S’engager dans la construction d’une unité et d’une cohésion plus fortes, en encourageant le dialogue et la fraternité parmi ses membres de diverses obédiences et pratiques, est également au cœur de ses préoccupations. Elle aspire enfin à assurer sa continuité et son influence en attirant de nouveaux membres et en perpétuant ses enseignements ancestraux, en se tenant fidèle à sa devise : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

E-learning de l’Aspirant Franc-maçon

Conclusion

La franc-maçonnerie française est un sujet à la fois complexe et captivant qui a traversé les époques et les grands moments historiques. Reconnaissable par son caractère initiatique, humaniste et universaliste, elle ambitionne le progrès moral, matériel et social de l’humanité. Son architecture est riche et variée, rassemblant de nombreuses obédiences, rites et courants philosophiques, illustrant ainsi sa diversité et sa pluralité. Au sein de la société française, elle occupe une place significative en promouvant ses valeurs et principes, bien que cela provoque parfois des réactions critiques et controversées. Face à des défis modernes, elle est amenée à réfléchir sur son avenir, son identité et sa mission dans le monde actuel.

Le Tutorat,  e-learning de l’Aspirant Franc-maçon

Ce guide propose un aperçu enrichissant de la franc-maçonnerie française, abordant son histoire, sa structure, son influence et les enjeux qui la concernent. Pour ceux désirant explorer davantage ce sujet, nous vous encourageons à consulter le blog www.leguidesupreme.com  et pour ceux intéressés par une adhésion, nous pouvons vous aider pour approfondir votre intérêt et construire un vrai parcours avec le Tutorat de l’Aspirant Franc-maçon (TAF) pour définir votre sensibilité et faire les bons choix en termes d’obédience, rite et loge. Si votre curiosité est d’ordre plus général, assistez à des tenues blanches ouverte (TBO), conférences, des colloques ou des expositions réalisées par des francs-maçons. Quelle que soit la nature de votre intérêt, nous vous souhaitons de poursuivre avec succès votre quête .

Le Guide Jacques *