Comment ne pas s’y perdre ?

Trois termes à bien différencier

Dans le sens premier de la franc-maçonnerie opérative du moyen âge (constructeurs) la loge était l’endroit sur un chantier où les compagnons et les maîtres se retrouvaient et selon les textes anciens (olds charges) cela était un espace sacré et interdit au public.

Depuis que la franc-maçonnerie est devenue spéculative (non constructeurs) au 18ème siècle, la loge a laissé place au temple (voir plus bas) où se réunissent maintenant les francs-maçons.

La loge, un espace de sociabilité 

Une loge est depuis le nom donné aux groupements locaux désignant ainsi le rassemblement de femmes et d’hommes au sein d’une association maçonnique.

L’atelier peut-être aussi associé à la loge sauf qu’il existe une petite nuance.

La loge a une existence officielle tandis que l’atelier désigne l’espace maçonnique.

Je peux dire que je suis membre d’une loge et que je travaille dans un atelier spécifique (espace maçonnique) qu’on désigne par ateliers symboliques pour les trois premiers grades (apprenti, compagnon et maître) ou ateliers supérieurs pour les grades suivant.

De plus, une loge est composée uniquement de membres adhérents, tandis que l’atelier peut réunir les mêmes plus d’autres maçons/maçonnes invités lors des tenues.

En synthèse, une sœur ou un frère est adhérent d’une loge, elle/il travaille dans un atelier (symbolique ou supérieur) et se réunit une à deux fois par mois dans un temple maçonnique.

La loge, le creuset de la fraternité entre les sœurs et les frères

Une loge comprend une trentaine de personnes en moyenne, réunissant des hommes et/ou des femmes d’horizons, genres, religions, cultures et pays différents  et décidant librement de former une micro communauté pour travailler collectivement à « l’amélioration morale et matérielle de l’homme et de la société »

Une loge est un groupement singulier et spécifique qui n’est ni un espace de loisirs et encore moins de divertissement, cela ne s’apparente pas à du militantisme, ni à un engagement associatif classique, mais plutôt un espace de sociabilité et d’épanouissement personnel. 

Les loges sont plutôt présentes dans les préfectures et dans les sous-préfectures, là où il y a des d’habitants en nombre suffisant pour se développer même si cela n’est pas une règle absolue puisqu’il peut y en avoir en milieu rural ou dans des zones diffuses.

Une loge est crée par et pour ses membres ?

La création d’une loge est à l’initiative d’hommes et de femmes résidant souvent dans une proximité géographique certaine (25 km) et souhaitant construire un projet nouveau dans un contexte particulier comme combler un manque dans un désert maçonnique ou simplement par affinités.

Un loge est donc le résultat d’un travail de longue haleine pour les membres fondateurs, car s’il est possible de fédérer des sœurs et des frères, il faut beaucoup d’énergie et plusieurs décennies aux 7 premiers frères et sœurs, nombre minimum pour ouvrir une loge, et à raison d’un recrutement par an, pour atteindre un fonctionnement harmonieux.

Il en est autrement pour les grandes agglomérations et capitales régionales ainsi qu’à Paris, Lyon et Marseille où la création de loges procèdent parfois du développement des obédiences, de scissions ou d’essaimages lorsqu’une loge devient trop importante.

La création d’une loge est un moment important pour une obédience comme pour un territoire car cela vient combler un manque ou compléter une offre, et être associé dès le départ à cette initiative est très enrichissant.

En effet, ce sont les membres fondateurs qui décident de l’orientation de la loge comme son nom, son rite, son rituel et souvent son obédience de rattachement ainsi que du logo, des premiers achats et de la déclaration en préfecture de l’association qui va donner une existence officielle à la loge.

Une loge est une association loi 1901

La vie d’une loge est à l’image de toutes les associations avec quelques particularités pour la franc-maçonnerie.

Il y a un président et des administrateurs gérant à la fois le volet administratif dans lequel s’organise la vie associative et démocratique de l’association (budget, adhésion, élection etc.) et le volet maçonnique ou est ordonnancé “l’initiatique” (initiation, rituel, progression etc.), l’essence même de la franc-maçonnerie.

L’orient est la ville d’implantation d’une loge

L’orient désigne la ville de création de la loge, on parle alors de l’Orient de Sète ou de l’Orient de Brest, c’est ainsi que sur une grande ville, il n’y a qu’un seul Orient mais il peut y avoir plusieurs obédiences présentent, des dizaines de loges et donc plusieurs centaines de franc-maçonnes et de francs-maçons.

L’avantage est que cela offre une très grande diversité de rites et cela laisse un large choix pour postuler ou pour changer de loge.

Par ailleurs, si dans une ville moyenne, il peut y avoir plusieurs loges, il est certainement plus facile de se connaître entre francs-maçons et franc-maçonnes que dans une grande ville ou il existe parfois une concentration de loges et de frères et sœurs pour bien se connaître tous et se rencontrer.

Loges des champs ou loges des villes peut avoir son importance au moment de choisir, car selon son tempérament on sera plus à l’aise dans l’une ou l’autre pour bien vivre son engagement maçonnique

Une loge se réunit en tenue 

Autrefois les loges opératives (constructeur) se réunissaient sur leur lieu de travail (chantier), dans un endroit à l’écart appelé « loge » pour entendre les instructions du maître, procéder en secret aux adoptions ou aux prestations de serment, plus tard cela pouvait se faire selon les possibilités, dans une auberge, une habitation et de façon très simple et sans grand décorum puis viennent les lieux dédiés aux tenues maçonniques appelés temples.

La tenue, un moment de partage. 

Une tenue désigne, pour les francs-maçons et franc-maçonnes du monde entier, le moment le plus important de la vie d’une loge lorsque tous les membres sont réunis dans un temple.

On est en loge, petite phrase que nous employons pour marquer notre présence lorsque nous sommes tous bien assis à notre place et prêt à participer à la tenue.

Les tenues sont régulières et obligatoires, une à deux fois par mois et en soirée très souvent, et si l’assiduité est très importante, une absence doit toujours être motivée, on peut aussi ajouter qu’il faut participer aux travaux et prendre des responsabilités au sein de l’association, ce sont des engagements que nous prenons en devenant membre d’une loge.

Le temple, un espace dédié 

Le temple est à la fois l’endroit physique où se réunissent les francs-maçons et en même temps l’espace même à l’intérieur où se déroulent les tenues.

C’est très souvent un bâtiment ordinaire, autrefois facile à découvrir avec un œil averti, car on le trouvait dans les centres-villes historiques et qu’on peut trouver maintenant dans des locaux transformés ou réhabilités (patrimoniaux, commerciaux) et à l’écart des centres-villes, car le prix de l’immobilier et les difficultés de stationnement obligent à se décentraliser en périphérie.

On peut trouver à l’intérieur et selon son importance, un ou plusieurs temples où se déroulent les tenues et il peut y avoir en plus une salle pour les repas (agapes), une autre pour des réunions, un rangement et des commodités.

Le temple de Salomon

Ce sont des locaux modestes et sans un grand confort, mais aménagés avec tous les décors et symboles pour y accueillir une activité maçonnique, ils sont souvent la propriété d’une ou plusieurs loges, parfois d’une obédience et sont loués à d’autres loges ou obédiences pour assurer l’équilibre du coût de fonctionnement.

Le temple des francs-maçons est une reproduction symbolique du Temple de Jérusalem, le premier lieu de culte selon la bible réalisé par le roi Salomon de forme rectangulaire pouvant recevoir au moins une vingtaine de personnes et ne comportant aucune ouverture ou alors bénéficiant d’une très grande opacité afin de ne pas être entendu du voisinage.

L’orient désigne aussi la partie du temple située à une extrémité du rectangle ou symboliquement, le soleil commence à se lever et où se trouve les places d’honneur et en particulier celle du vénérable maître et des invités.

Un  rituel pour l’ordonnancement des tenues ! 

Chaque loge décide du rite (voir le guide N° 9) et des rituels, à sa création ou bien après, qu’elle souhaite utiliser lors de ses travaux, mais il lui faut avant tout obtenir le droit d’usage par son obédience (voir le guide N°3 L’ordre) pour donner à ses tenues un authentique cadre maçonnique.

Une tenue commence lorsque tout est en place dans le temple (lumière, symbole, tableau de loge, etc.), le collège des officiers prêt à officier, toutes les sœurs et tous les frères sont à leur place dans le temple (les colonnes), revêtus de leurs décors (tablier, baudrier et gants) afin de passer symboliquement d’une apparence conventionnelle et laisser en dehors tous nos problèmes et nos soucis, à une attitude respectueuse et conforme avec les usages du rite.

Une tenue est très souvent organisée en deux parties, une première règle le domaine administratif (courrier, relations publiques, etc.) et l’autre est consacrée à la restitution du travail d’un frère ou d’une sœur (planche) ou une réflexion commune (tour de loge), ces travaux peuvent avoir un caractère symbolique, philosophique, spirituel ou sociétal et ils se terminent par un échange constructif et fraternel sous forme de questions ou de précisions et selon des règles de prise de parole.

Un instant suspendu !  

Ce passage du profane au sacré est possible grâce au rituel et au cérémonial qui va solliciter les sources émotionnelles de notre cerveau pour se mettre en osmose avec l’assemblée et son objet.

C’est entre les quatre murs du temple, à l’abri des regard et loin des oreilles indiscrètes que se réunissent les franc-maçonnes et francs-maçons, un instant suspendu entre ciel et terre, une assemblée d’hommes et de femmes de bonne mœurs qui œuvre discrètement à l’amélioration de l’homme, à commencer par lui-même..

Les agapes, la troisième mi-temps 

Enfin, les tenues sont presque toujours terminées par des agapes qui sont un repas pris en commun et souvent dans une autre salle.

Une troisième mi-temps qui est en réalité un moment de partage et de grande fraternité pour des sœurs et des frères qui ne se voient que lors des tenues et une occasion de se tenir au courant de ce qui se passe dans la vie des frères et des sœurs et de prendre des nouvelles des absents.

En synthèse, une sœur ou un frère est adhérent d’une loge, elle/il travaille dans un atelier (symbolique ou supérieur) et se réunit une à deux fois par mois dans un temple maçonnique.

Jacques Le guide